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Paul claudel invente une forme de vers à laquelle il donne le nom de verset. Les fondements du verset sont le « surnaturel », le « souffle », l’« esprit », l’« inspiration ». Le conception poétique vise à l’expression du surnaturel. Après avoir découvert le théâtre japonais, Claudel y puise certains éléments qu’il adapte à sa propre versification, aussi bien dans ses poèmes que dans son théâtre. La base en est la « prosodie », basée sur le « rythme », semblable à la parole et au cri de Tayû, qui est le choeur, du Bunraku et du Kabuki.
La première partie de cet article concerne les termes de « surnaturel », de « souffle », d’« esprit » et d’« inspiration », tels que nous les définissons dans le texte claudélien. Dans la deuxième partie, nous examinons la relation entre la prosodie de Claudel et le théâtre traditionnel japonais.
Finalement nous relisons les « Réflexions et propositions sur le vers français » à la lumière des textes écrits par Claudel pendant son séjour au Japon.
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Paul Claudel (1868-1955) est un grand dramaturge et poète francais.Un des problèmes qu’il s’est constamment posé dans son théâtre concerne la représentation de l’espace entre les êtres surnaturels et invisibles et les êtres naturels et visibles. C’est une forme qu’on peut trouver dans le Nô, particulièrement dans le Mugen-nô. Dans cet essai, cet espace sera désigné par le nom japonais de Yûmei-kai.Chez Claudel, la représentation du Yûmei-kai associe étroitement le rythme vocal de l’acteur à la musique de scène, ainsi qu’on peut le voir dans les indications du texte même.Le théâtre de Paul Claudel pourrait être partagé en trois époques. La première est inaugurée par l’expérience du théâtre traditionnel chinois, dans lequel la convention affi chée (un acteur portant un voile noir en manière de rideau) et la voix des acteurs mêlée à la musique participent à l’expression du Yûmei-kai. Claudel écrit Le Repos du septième jour ainsi que le texte en prose intitulé «Théâtre » à l’occasion de cette révélation. La deuxième époque est celle de la rencontre avec la Rythmique d’Émile Jaques-Dalcroze et le corps de Vaslav Nijinski. Entre le texte du dramaturge, le rythme scénique et le décor d’Adolphe Appia s’établit une relation permettant d’exprimer les trois degrés du Yûmeikai,des êtres surnaturels et des êtres naturels. L’Homme et son désir date de ce moment-là. La troisième époque trouve son inspiration dans les théâtres traditionnels du Japon. Claudel construit alors sa dramaturgie, écrivant La Femme et son ombre et Le Soulier de satin à la lumière de son expérience de spectateur de Kabuki, de Bunraku et de Nô.Le théâtre de Claudel n’a pas brusquement changé après la révélation du théâtre traditionnel japonais : sa dramaturgie est le résultat d’un long tâtonnement.